La Isla de Cabras : un voyage dans l’histoire

Durant mon séjour à Puerto Rico, je ne voulais pas me limiter à la découverte des sites purement touristiques. Autrement dit, je voulais sortir des sentiers battus car c’est parfois dans les lieux où la terre est peu foulée par les touristes que l’on fait de bonnes découvertes. Je me suis donc intéressé à un petit îlot se trouvant non loin du Vieux San Juan, à même pas un kilomètre plein nord du fort San Felipe Del Morro, c’est pour dire! L’idée me trottait depuis un moment de visiter cet îlot, et ce même avant mon départ pour Puerto Rico.

Venons-en à cette petite aventure. J’avais commencé la journée par prendre le ferry du dock d’embarquement d’Hato Rey pour rejoindre le Vieux San Juan, puis par en prendre un second en direction de Cataño, petite ville voisine de l’îlot en question : la Isla de Cabras. Une fois arrivé, je devais donc trouver un moyen d’y accéder. Après avoir discuté un peu avec les locaux, j’ai trouvé une petite gare routière de guaguas qui desservent un certain nombre de destinations sauf celle qui m’intéressait… La Isla de Cabras. N’étant pas habitée, ceci explique cela! Après quelques négociations, je suis parvenu à mes fins et un chauffeur a accepté de me déposer juste à l’entrée de l’îlot monneyant une dizaine de dollars, cher payé pour cinq minutes de route… Quasi rectiligne sur environ cinq cent mètres, Cabras est scindée en deux parties principales dont une est un espace de détente plutôt destiné à la population locale et accueille le fortin El Cañuelo. La seconde est de loin la plus intéressante, de par la richesse de son histoire.

Quelques infrastructures m’ont fait hésiter à m’engager dans cette entreprise d’exploration: la zone est fermée sur toute la longueur par une barrière et du grillage. Non loin, j’avais remarqué une ouverture dans le grillage juste en bordure de plage. La zone avait donc était franchie par d’autres bien avant moi. J’y ai donc repensé à deux fois avant de la franchir et puis j’ai tenté l’aventure et en cas de pépin, je n’étais qu’un simple touriste un peu curieux…

 Alors, cet espace est composé de diverses constructions: un ancien centre d’entraînement pour la police, un club de pêche, des ruines et d’anciennes installations de canons. J’y ai croisé quelques pêcheurs et engagé avec eux une discussion, désirant en connaître plus sur les lieux.

Un bond dans le passé s’impose pour expliquer le pourquoi des anciennes infrastructures, laissées à l’abondon. Entre le XVIIème et le XIXème siècle, Cabras fût une base de défense militaire. Les canons furent installés pour protéger la baie du Vieux San Juan des attaques ennemies appuyés par ceux du fortin D’El Cañuelo, situé non loin de l’entrée de l’île.

 Ce dernier fut à l’origine construit en bois vers 1500 puis en pierre par les Espagnols et fait partie – avec l’ancien complexe miltaire Fort Felipe Del Morro / Fort San Cristobal / Murs d’enceinte du Vieux San Juan –  du Site Historique National de San Juan, inscrit au Patrimoine Mondial de L’UNESCO depuis 1983. Le chapitre de l’époque des conquêtes, des invasions et de la piraterie une fois bouclé pour de bon à la fin du XIX^ème,  l’histoire réserva à l’ïle un tout autre dessein : dès 1876 le gouvernement de Puerto Rico décida de faire de Cabras un refuge pour les lépreux. Le projet de construction se termina en 1883. La colonie qui compta une trentaine de lépreux selon les sources occupa l’île pendant une quarantaine d’années, avant d’être déplacée en 1926 dans un centre destiné à la maladie.

Les ruines des anciennes maisons de la colonie, de leur cave et des canons, laissés en l’état sont donc des vestiges du passé qui continuent de témoigner de l’histoire de La Isla de Cabras. La modernité ravageuse de notre ère s’efface donc derrière ces ruines. En espèrant qu’elle n’y mette pas les pieds.